Une vie en lettres
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George Orwell épistolaire évoque la guerre d’Espagne, la montée des fascismes, le Maroc colonial, la fidélité dans le couple, l’œuvre d’Henry Miller entre autres…
« Je suis plutôt content d’avoir été touché par une balle parce que je pense que ça va nous arriver à tous dans un avenir proche et je suis heureux de savoir que ça ne fait pas vraiment très mal. Ce que j’ai vu en Espagne ne m’a pas rendu cynique, mais me fait penser que notre avenir est assez sombre. Il est évident que les gens peuvent se laisser duper par la propagande antifasciste exactement comme ils se sont laissés duper par ce qu’on disait de la courageuse petite Belgique, et quand viendra la guerre ils iront droit dans la gueule du loup.
Nous avons aussi un caniche chiot. Nous l’avons nommé Marx pour nous souvenir que nous n’avions jamais lu Marx, et à présent que nous avons un peu lu cet homme et que nous l’avons tellement pris en grippe, nous ne pouvons plus regarder le chien en face quand nous lui parlons. »
Éditeur des Complete Works d’Orwell (20 volumes), Peter Davison a réuni ici 268 lettres d’Eric Blair (alias George Orwell) et 35 de son entourage (de sa femme Eileen, notamment) pour constituer une véritable autobiographie par lettres. De l’internat de ses 8 ans aux sanatoriums des deux dernières années de sa vie, on le suit dans tous les lieux importants qu’il a croisés : écoles miteuses au fin fond de la campagne anglaise, Barcelone révolutionnaire, cottage-épicerie de Wallington, cure de santé à Marrakech, appartements londoniens sous les bombes, ferme isolée face à la mer à Jura dans les Nouvelles-Hébrides.
On y côtoie un Orwell pas exactement intime (il est trop pudique, même en privé) mais proche, dans sa vie quotidienne : les relations de travail avec ses éditeurs et ses traducteurs (publications, jeu avec la censure, corrections); ses amitiés aussi fidèles que diverses – de l’écrivain prolétarien Jack Common (qui prend soin de la chèvre Muriel en son absence) à l’honorable David Astor, le richissime propriétaire de l’Observer, qui lui procure de la streptomycine (inefficace) pendant les derniers mois; l’éducation du petit Richard, le fils adopté en 1944. On le découvre aussi à travers quelques lettres échangées entre lui et Eileen, et ce que celle-ci raconte de leur vie à sa famille ou à ses amies.
Près des deux tiers de cette correspondance sont inédits en français.
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