Finance imaginaire (La)
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Obama, Sarkozy et Soros sont unanimes : les gouvernements doivent impérativement "surveiller les banquiers" et "restaurer l’"État".
Contrôler la finance ? Encore faudrait-il savoir de quoi l’on parle. C’est que les actuels gestionnaires de la crise – politiques, managers, éditorialistes – s’accommodent fort bien d’une vision fantasmatique de l’économie entre fonds d’investissements cosmopolites et flux monétaires sans visage. Cette représentation neutralisante ne résiste pourtant pas à l’épreuve du réel.
La présente enquête socio-économique, véritable plongée dans le monde de la haute finance contemporaine, rompt autant avec l’idéologie du moment qu’avec cette vision scolastique des "marchés" : on croit les groupes financiers américains engagés dans une concurrence féroce, on les retrouve partenaires à la tête d’un portefeuille géant d’actifs dans les secteurs des médias, de l’énergie ou de la distribution; on suppose leurs managers uniquement assoiffés d’argent, ils se révèlent soucieux de relayer tant les intérêts de Washington que ceux de Wall Street; on les imagine allergiques à l’État, ils recrutent chaque année d’anciens ministres de l’économie, secrétaires d’État et présidents de la république.
Quant à la haute finance européenne, elle demeure emblématique des stratégies d’accumulation et de reproduction adoptées par de vieilles dynasties d’affaires reconverties dans le domaine du "private equity" et de la "nouvelle économie". Et avec la crise, ce sont les traits systémiques de ce capitalisme réel – ses tabous – qui semblent éclater au grand jour, rendus longtemps invisibles par les faux-semblants d’un libéralisme imaginaire : concentration de la production, centralisation des capitaux, interpénétration des groupes financiers et de l’État.
Geoffrey Guens est chargé de cours en Communication à l’Université de Liège. Il a déjà signé Tous pouvoirs confondus, salué comme un ouvrage de référence sur les interactions entre médias.
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