Évasions
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Hervé Di Rosa a plusieurs fois croisé le chemin de prisonniers dans des projets d’interventions artistiques en milieu carcéral, comprenant « à quel point l’univers carcéral est un monde à part, éprouvant, inquiétant, difficile à appréhender » mais aussi potentiellement favorable à la création, à l’expression artistique. Corps captif, l’artiste reclus cherche à trouver des solutions, à inventer des formes qui lui permettent de s’exprimer, de s’échapper, de vivre. Di Rosa repère dans ces lieux de captivité à travers le monde, des œuvres hors normes : art brut, tatouages de prisonniers russes, mouchoirs dessinés au stylo bic des prisonniers chicanos aux États-Unis, etc. Autant de facettes de « l’art carcéral ».
Sa rencontre avec Anne Georget et son film sur les livres de recettes de cuisine rédigées dans les camps d’internement relance pour lui le projet d’une exposition qui voit le jour au MIAM en 2018.
Partant de l’art carcéral, le propos s’est finalement élargi aux autres formes de privation de liberté, des internés des camps nazis et du Goulag, aux exilés sans papier, qui fuyant la misère et la guerre, forment le flux migratoire qui aujourd’hui divise l’Europe.
Le travail de Norbert Duffort, Commissaire général de l’exposition, assisté d’Anne Georget et de Pascal Saumade, a permis que cette exposition improbable voit le jour, offrant au public du MIAM, grâce à la générosité d’associations de collectionneurs privés et publics, la richesse et la force de créations originales et souvent inédites qui illustrent parfaitement l’art modeste.
Ce livre est un juste témoignage et la preuve que la création artistique constitue pour l’homme privé de liberté, une formidable force existentielle.
Trois textes remarquables le jalonnent :
« La langue nécessaire » d’Ananda Devi
« Adieu Vatel » de Robert Gordienne
« Les oiseaux de Doll Doshi » d’Elisa Shua Dusapin
NB : Les prix indiqués sont sujets à changements sans préavis.