Retrouver la raison
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Nous vivons à une époque politisée. De la laïcité à l’austérité, les débats politiques sont vigoureux. S’il y a un constat, toutefois, qui rallie les citoyens par-delà leurs orientations idéologiques, c’est bien que notre discussion démocratique est mal en point. Rares sont ceux qui considèrent que la démocratie parlementaire et les campagnes électorales permettent de véritables débats d’idées. L’Internet 2.0 favorise la multiplication des voix, mais encourage au passage la polémique, l’indignation permanente, le trollage et l’attaque personnelle. Même les médias plus sérieux préfèrent parfois l’affrontement entre points de vue fortement idéologiques au dialogue nuancé entre des intervenants qui reconnaissent la complexité du réel. En plus, les sciences cognitives attestent que nous avons tous des partis pris qui peuvent nous empêcher d’appréhender la réalité sociale avec l’ouverture d’esprit nécessaire à la pensée rationnelle. Comment retrouver la raison ? Dans ce recueil de courts essais, Jocelyn Maclure réfléchit aux conditions d’une conversation démocratique éclairée tout en contribuant à une meilleure compréhension de nos grands débats sur la justice sociale, l’identité, la laïcité, la religion, le droit et l’éthique publique. Maclure démontre comment la réflexion philosophique peut être subtile et rigoureuse tout en étant accessible et invitante. Il aborde des questions aussi variées que les accommodements raisonnables, les politiques d’austérité, l’éducation, la liberté d’expression, les changements climatiques, le nationalisme et l’omniprésence du baratin dans le discours public avec la profondeur et la perspicacité qu’on lui connaît. Ce livre est indispensable tant pour ceux qui souhaitent approfondir leur réflexion sur les enjeux de l’heure que pour ceux qui veulent s’initier aux grandes questions politiques d’aujourd’hui.
Jocelyn Maclure est né en 1973 à Montréal. Il est professeur de philosophie à l’Université Laval et cotitulaire de la chaire La philosophie dans le monde actuel. Il a été professeur ou chercheur invité dans des universités à New York, Lyon, Barcelone et Rome. Il a publié Récits identitaires : Le Québec à l’épreuve du pluralisme et, avec Charles Taylor, Laïcité et liberté de conscience. Philosophe engagé, il a entre autres contribué aux commissions Bouchard-Taylor et Bastarache. On peut souvent l’entendre à Plus on est de fous, plus on lit ! et à Médium large sur les ondes d’ICI Radio-Canada.
[L]’intellectuel public 2.0 peut aussi s’inspirer des principes de générosité interprétative et de rigueur analytique proposés par le philosophe Daniel Dennett dans son manuel de pensée critique. Selon lui, notre idéal, lorsque nous interprétons une pensée opposée à la nôtre, devrait être de présenter la position critiquée de la façon la plus perspicace, juste et bienveillante possible, à un point tel que notre adversaire intellectuel pourrait reprendre à son compte notre interprétation. Dans les termes de John Stuart Mill, « une doctrine n’est pas jugée tant qu’elle n’a pas été jugée dans sa meilleure formulation ».
Dennett propose ainsi quatre règles à respecter pour formuler un commentaire critique qui atteint sa cible :
1) Tenter d’exprimer la position de l’adversaire d’une façon tellement claire, vivide et juste que ce dernier dirait : « Merci, j’aurais aimé avoir pensé à cette formulation par moi-même ! » ;
2) Faire mention des points d’accord ou d’entente avec la personne critiquée ;
3) Faire mention de ce que l’on a appris de la personne critiquée ;
4) Critiquer et tenter de réfuter la position adverse.
NB : Les prix indiqués sont sujets à changements sans préavis.