Donation (La)
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Faut-il voir l'ensemble que forment La neuvaine, Contre toute espérance et La donation comme une trilogie sur les temps modernes ? La question peut sembler incongrue tant plusieurs ont cherché à lui attribuer un caractère passéiste mais, pourtant, les interrogations que soulèvent ces trois films plongent au cœur même du malaise qui plombe la société québécoise contemporaine — et la société occidentale tout entière. Les fondements sur lesquels repose cette trilogie sont en fait éminemment plus politiques qu'il n'y paraît, d'abord parce que celle-ci prend le contre-pied de tout ce que véhicule l'idéologie dominante, qui ne cesse de promouvoir l'individualisme et d'étendre l'espace des biens matériels, mais aussi parce qu'il s'agit d'une œuvre portée par une colère, toute contenue, certes, mais non moins violente. C'est que Bernard Émond est, pourrait-on dire, un révolté mélancolique, et si ses films s'abstiennent de tout discours politique, ils sont pétris du refus de nos résignations, tout autant que de nos acceptations devant l'effritement des solidarités et du tissu social, et continuent ainsi à nous tarauder bien après que nous les ayons regardés.
C'est aussi pour cette raison qu'il ne faut pas voir trop vite dans ces trois films une quelconque nostalgie, et encore moins le regret d'une appartenance religieuse perdue. Ils ont beau se présenter comme une trilogie sur les vertus théologales (la foi, l'espérance, la charité), tous trois ne se réfèrent à elles que parce que ce point d'assise permet de mieux sonder encore le monde actuel. - Marie-Claude Loiselle
Avec des commentaires de Marc Chabot, Stéphane Lépine, Marie-Claude Loiselle et Alain Vadeboncoeur.
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