L’amitié au temps de Facebook
 
Les Anciens voyaient dans l’amitié un bien suprême, un lien plus que précieux parce que dépourvu de tout calcul. Dans nos sociétés individualistes marquées par l’affaiblissement des rapports interpersonnels, le développement des réseaux sociaux a pu laisser croire que les amis pourraient enfin trouver, dans le tumulte d’une existence vécue trop vite, l’occasion de renouer ensemble. Mais la spectacularisation de l’intime dont l’amitié fait trop souvent l’objet sur ces réseaux, le fait d’avoir à son actif 500 ou 1 000 « amis » ne contribuent-ils pas à banaliser l’amitié, en plaçant sur un pied d’égalité des gens qui ne peuvent pas tous avoir la même valeur ? Facebook n’est-il pas en train de devenir l’équivalent d’une « bourse aux amis » où il s’agit d’afficher son capital en s’attirant la sympathie du plus grand nombre ? Se peut-il que ceux qui prétendent avoir le plus d’amis et passent pour les intimes de tout le monde ne soient en réalité les amis de personne ?
 

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