Cosaques (Les)
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Les Cosaques, achevé en 1862, constitue l’œuvre la plus audacieuse de Tolstoï, celle où s’exprime avec le plus de violence sa nature charnelle et où surgit en pleine lumière le visage païen de sa personnalité complexe.
Ce roman teinté d’autobiographie nous livre le souvenir vivace d’une expérience intime, celle d’un jeune citadin écœuré par les frasques de sa vie mondaine qui découvre brusquement la vie paisible et simple des Cosaques. Dans sa quête du bonheur, Olénine, tout comme Tolstoï dans ses jeunes années, essaye de se dépouiller de tout l’acquis de son éducation pour devenir semblable à ceux qui l’entourent. Au milieu d’une nature partout présente et révérée, la vie du village est cadencée par les récoltes, la chasse, le bétail et les heures passées à l’ombre du verger. Certes les abreks, montagnards inféodés, rôdent non loin, mais ils ne sont considérés que comme une distraction de plus pour juger de la bravoure des jeunes cosaques. Les officiers russes, à l’instar d’Olénine, peinent à s’intégrer à ces hommes frustes dont ils admirent pourtant l’insouciance. Le héros du roman, émerveillé par cette vie nouvelle, n’en finira pas moins par fuir, déjà oublié par ceux-là mêmes en qui il portait toutes ses espérances.
Au moment où il écrit ce livre, Tolstoï se distingue irrévocablement du jeune homme naïf et passionné qu’est Olénine, il a pris du recul vis-à-vis de son passé pour en faire la matière d’une œuvre littéraire et révéler sa vocation d’écrivain. Tourguéniev ne s’y est pas trompé qui admirait Les Cosaques à l’égal des grands romans de la maturité, et Gide non plus. Sans doute la plupart des personnages, Marianna, belle et fière jeune femme dont s’est épris Olénine, Louka, impétueux cosaque, joyeusement occupé à la chasse, aux nuits de garde et aux beuveries, et l’oncle Iérochka, l’homme des bois, nous apparaissent-ils dans leurs rapports avec le héros, tels que les voit celui-ci. Mais à travers Olénine, Tolstoï saisit surtout leur vérité profonde de ce regard aigu, compréhensif, impitoyable parfois, qu’il n’a jamais cessé de porter sur les êtres et les choses.
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