Bonnot et la fin d'une époque
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Il y aura 100 ans, en avril 2012, que Jules Bonnot disparu suite à ses blessures ; les forces de police alors menées par le lieutenant Félix Fontan avaient dynamité la villa où il s'était réfugié...
Il suffit de consulter la presse de l'époque pour constater qu'il y eut bien d'autres assassins, coupables de crimes parfois plus horribles que ceux de Bonnot. Mais, si on a oublié Liabeuf assassin de policiers, la « femme Le Laitier » égorgeant une enfant de neuf ans, Tissier et Desmarets assassins de 16 et 17 ans, Ferdinand « l'assassin aux mains rouges » découpant ses victimes, et des dizaines d’autres dans les années Bonnot, pourquoi, pour lui, une telle célébrité ? Certes, il est le premier à utiliser l’automobile pour ses braquages, les conditions de sa capture sont particulières, et il est à la tête d’une bande, mais la mémoire collective, souvent défaillante, s’arrête là. L’effet l’emporte sur la cause. Bonnot et les siens ne sont pas nés assassins. Du jeune militant anarchiste au meneur de grève, du salaire de misère au chômage qui n’en finit pas, il y a une évolution des personnages de la révolte sociale au crime. Leur itinéraire s’inscrit, d’une part, comme un héritage des pensées et des actions anarchistes de la fin du XIXe siècle, d’autre part, des exactions des Apaches qui terrorisent Paris. Le contexte sociologique n’est pas étranger de cette fin d’une belle époque qui suscite des Bonnot et qui, sur bien des points, est comme une pré-image du début du XXIe siècle. Tel article du Petit Parisien ou de L’Humanité semble avoir été écrit à la fin d’un G20 ; tel article de L’Écho de Paris ou de L’Action Française évoque un débat d’aujourd’hui sur les bandes rivales des quartiers difficiles.
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