Ligne de couleur de W.E.B. Du Bois (La)
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William Edward Burghardt Du Bois dit W. E. B. Du Bois, né en 1863 dans le Massachusetts, est un sociologue et défenseur des droits civiques américain. Premier noir américain à obtenir un doctorat à l’université d’Harvard, il consacra sa vie à défendre la cause des afro-américains aux États-Unis et fut un fervent défenseur du panafricanisme. À la fin du XIXe siècle, son ancien camarade de classe Thomas Junius Calloway l’invite à travailler sur une exposition témoignant des conditions de vie des Afro-américains, dont le résultat sera exposé à l’Exposition universelle de Paris de 1900. Avec son équipe, il travaille à la réalisation de tableaux, diagrammes et cartes montrant les avancées dans l’accès à l’éducation ou les effets durables de l’esclavage, à une époque où représenter les personnes noires comme des sous-hommes incapables de réaliser un accomplissement matériel ou culturel d’envergure était un lieu commun. Ces représentations graphiques particulièrement révélatrices — dont le dessin est aussi soigné que le propos, puissant — donnent à voir un large spectre d’expériences vécues par la population noire aux États-Unis au début du siècle dernier.
Rassemblée pour la première fois dans cet ouvrage dirigé par Whitney Battle-Baptiste et Britt Rusert, la collection entière de ces images colorées, riches de sens et d’inventivité, est enfin à la portée des imaginaires contemporains. Ces représentations ont non seulement influencées la manière dont l’auteur des Âmes du peuple noir envisageait lui-même la sociologie, mais sont également riches d’instruction pour ce que l’on appellerait aujourd’hui « la représentation graphique de données statistiques » à savoir la traduction de l’information dans un format visuel qui favorise l’accessibilité et la transmission des données, et génère, par l’acte même de faire voir, de nouvelles tendances et connaissances. Les représentations visuelles conçues par W.E.B. Du Bois témoignent autant une véritable culture visuelle que d’une volonté de rendre les statistiques socio-scientifiques accessibles aux communautés et aux personnes auprès desquelles ces mêmes données sont collectées.
La reproduction des planches de l’exposition est accompagnée de deux textes, écrits respectivement par le sociologue Aldon Morris, qui replace Du Bois dans le contexte de l’exposition universelle de 1900, et Mabel O. Wilson, enseignante-chercheuse en architecture à Columbia qui revient plus précisément sur la construction et l’originalité des visuels présentés.
Whitney Battle-Baptiste est professeure associée au département d’anthropologie et directrice du Centre W. E. B. Du Bois à l’université du Massachusetts Amherst. Née dans le Bronx, à New York, et membre de la génération Hip-Hop, chercheuse et activiste, elle envisage la salle de classe et le campus comme des espaces où aborder les enjeux contemporains, tout en restant sensible au passé. Son travail utilise activement les méthodes de l’archéologie pour interpréter les paysages de la captivité et de la liberté, et elle a mené des fouilles dans une variété de sites archéologiques. Son projet actuel incorpore des analyses géospatiales à un projet de site patrimonial et communautaire à Millars Plantation, sur l’île d’Eleuthera dans les Bahamas. Son premier livre, Black Feminist Archaeology (Left Coast Press, 2011), présente les principes fondamentaux de l’afro-féminisme en tant que méthode pour enrichir la théorie et la pratique archéologique.
Aldon Morris est professeur dans le département de sociologie et d’études afro-américaines de la Northwestern University. Il a publié de nombreux ouvrages sur les mouvements sociaux, la race, la religion, les inégalités sociales et la sociologie de W.E.B Du Bois. Il est l’auteur de The Origins of the Civil Rights Movement (Free Press, 1984), qui a remporté en 1986 la Distinguished Contribution to Scholarship Award de l’Association américaine de sociologie, et dirigé les ouvrages Frontiers in Social Movement Theory (Yale, 1992) et Opposition Consciousness : The Subjective Roots of Social Protest (University of Chicago, 2001). Plus récemment, il a écrit le livre, primé, The Scholar Denied : W. E. B. Du Bois and the Birth of Modern Sociology (University of California, 2015). En 2009, Morris a remporté le Cox-Johnson-Frazier Award de la Société américaine de sociologie, récompensant une vie de recherche, d’érudition et d’enseignement.
Silas Munro est un enseignant et un designer graphique qui pratique la création dans le but d’encourager les gens à s’émanciper et à améliorer la société. Poly-Mode, son atelier basé à Los Angeles, se met au service des institutions afin de les aider à accueillir une plus grande diversité culturelle et participation citoyenne. Son atelier a collaboré avec le MoMa, le Baltimore Museum of Art, Mark Bradford, et le Wynwood Arts District, à Miami, parmi d’autres. Le travail de design graphique de Munro ainsi que ses écrits ont été publiés sous diverses formes aux États-Unis et ailleurs. En tant que pédagogue, il se concentre sur le design graphique, dans un sens large. Il a été discutant, intervenant et enseignant dans de nombreux départements de design graphique et d’art internationalement réputés. Munro est assistant professor au Otis College of Art and Design et professeur référant au Vermont College of Fine Arts.
Britt Rusert est une chercheuse pluridisciplinaire dont la recherche se situe à l’intersection entre la race et la science, l’Afrofuturisme et les études portant sur le genre et la sexualité, et la culture visuelle. Elle est l’auteure de Fugitive Science : Empiricism and Freedom in Early African American Culture (New York University, 2017) et elle est assistant professor dans le département des études afro-américaines W. E. B. Du Bois à l’université du Massachusetts Amherst. Elle est actuellement en train de réaliser deux projets : The Fantasy Worlds of W. E. B. Du Bois, un recueil de nouvelles de Du Bois, coédité avec Adrienne Brown; et une monographie sur l’Afric-American Picture Gallery de William J. Wilson (1859), un texte qui imagine la création du premier musée d’art noir aux États-Unis.
Mabel O. Wilson est une architecte et une historienne de la culture. Elle est l’auteure de Begin with the Past : Building the National Museum of African American History and Culture (Smithsonian, 2016) et Negro Building : African Americans in the World of Fairs and Museums (University of California, 2012). Elle est professeure d’architecture à l’université Columbia, co-directrice du Global Africa Lab, et directrice adjointe de l’Institute for Research in African American Studies.
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