Comment mettre un terme au rapport de domination et de violence que nous entretenons avec la nature en général et les animaux en particulier ? Peut-on espérer y parvenir en apprenant à nous réconcilier avec cette vie qui relie de manière fondamentale l’homme et l’animal, et à entrer enfin en « résonance » avec une nature qui a cessé de nous parler et qui est exclusivement perçue comme simple ressource ?

Le but de ce manifeste est de montrer les limites et les faiblesses du principe d’une telle solution en plaidant pour une écologie de la différence. L’animal conçu comme être essentiellement sensible et vulnérable, méritant en tant que tel pitié et compassion, est une abstraction philosophique qui, sous couvert d’élever le statut des animaux et de leur garantir une forme de protection morale et juridique, commence par leur faire violence en ne respectant pas leur altérité fondamentale et la richesse de leur mode d’existence. La planète, même et peut-être plus que jamais à l’âge de l’Anthropocène, demande elle aussi à être reconnue dans son extériorité et dans son étrangeté par rapport aux activités humaines, comprise comme nature créative, potentiellement incontrôlable et foncièrement imprévisible, dont il faut apprendre à respecter la spontanéité, la résistance et l’indépendance.

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