Imaginaires du néolibéralisme
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Imaginaires du néolibéralisme propose une analyse originale de la nouvelle séquence du néolibéralisme, ouverte par les conséquences de la crise des subprimes, à la lumière des effets concrets de son imaginaire sur les individus : qu'il s'agisse des salariés de l'open space postfordiste, des nounous migrantes précaires des grandes métropoles du capital, des citoyens de l'après-démocratie, des utilisateurs des réseaux sociaux, ou des écrivains et des enseignants à l'heure de la norme concurrentielle. En quoi consiste l'efficacité de l'imaginaire néolibéral ? Quelles formes prend-il ? Son analyse permet de comprendre les circonstances objectives et les désordres subjectifs, les violences sociales et les déshérences intérieures, les forces historiques et les discours qui façonnent aujourd'hui notre monde. Elle ouvre également la voie à la production commune d'un autre imaginaire, un ailleurs du néolibéralisme, point de départ d'une échappée vers d'autres horizons, plus démocratiques et plus heureux. L'ouvrage peut se lire comme un inventaire (incomplet) des formes contemporaines de domination. Mais, en rupture avec les approches critiques désormais classiques du phénomène qui cherchent son homogénéité, la diversité des approches rassemblées insiste sur l'hétérogénéité des configurations de son imaginaire A travers ces fragments disparates, permettant de comprendre à quel point il s'agit d'une particularité des dispositifs néolibéraux que de configurer un imaginaire malléable, adaptable on peut en outre percevoir l'ampleur effective de l'entreprise de normalisation généralisée des subjectivités qui caractérise la transformation néolibérale du monde. L'imaginaire néolibéral se révèle comme un dispositif de production de peur et de généralisation de l'impuissance, voué à corseter les imaginaires au prétexte de l'absence d'alternative. On y observe une métamorphose de la violence du régime d'accumulation, présentée comme inévitable, absolue, et dépolitisée. Il s'appuie sur une spacialisation et une culturalisation des rapports sociaux. Qu'il s'agisse de la domination sociale, des affects ordinaires, des modes de gestion du salarié et de la personne ou des subjectivités littéraires, il s'agit de tenter d'identifier, à chaque fois, les logiques à l'oeuvre dans l'entreprise contemporaine de reconfiguration néolibérale et les façons dont elles affectent les sujets et la représentation qu'ils se font d'eux-mêmes et du monde. Les contributions sont regroupées en quatre grandes sections qui explorent cet imaginaire sous l'angle, successivement, du rapport de pouvoir, du lien social, de la nouvelle raison managériale, et, pour finir, de ce que peuvent encore y être l'écriture et la littérature. La question du travail y est inscrite de manière transversale, à travers ses résonances dans la subjectivité du petit individu du monde contemporain, en tant que citoyen, salarié, mais aussi en tant qu'ami ou écrivain. Le travail de cartographie mené ici, partiel et partial, répond d'abord à la volonté d'envisager la possibilité effective de contre-imaginaires. Chacun à leur façon et dans leur domaine de spécialité respectif, les auteurs ayant contribué à ce volume adoptent une telle posture : pour entrevoir un ailleurs du néolibéralisme, il nous faut chercher à cerner au plus près les freins, passés, présents et à venir, à une telle bifurcation. Et les chercher dans nos propres représentations, nos propres pratiques, y compris critiques, savantes, militantes ou ordinaires. Autant d'exemples qui laissent aussi entrevoir leur ambivalence constitutive : la construction, d'un côté, d'un imaginaire spécifiquement néolibéral, et la possibilité, de l'autre, d'une résistance aux postures individuelles et collectives qu'il valorise - ou, du moins, le point de départ d'une échappée vers d'autres horizons, d'autres imaginaires.
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