Novembre 1918 une révolution allemande, t. 03
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Avant-propos de Michel Vanoosthuyse
Traduit de l’allemand par Maryvonne Litaize & Yasmin Hoffmann
« Pendant la guerre, ils n’ont pas osé montrer le bout du nez. Tout n’était que poudre aux yeux afin que nous portions les fusils à leur place. Et vendredi, sans armes, nous descendions la rue. Eux étaient en embuscade avec des mitrailleuses, ils ont tiré et se sont repliés. Ce sont des bandits qui ont mis notre patrie en coupe réglée. Je n’ai rien de commun avec eux. Et j’aimerais savoir où tu en es. Réfléchis bien : comment obtiendrons-nous la paix si les cyniques qui nous considèrent comme leur propriété, leur bien héréditaire, se retrouvent en haut ? Te taire, c’est te rendre complice. »
Les deuxième et troisième tomes de Novembre 1918, écrits de début 1939 à mi-1940, Peuple trahi et Retour du front avaient été conçus comme un seul volume : où l’on découvre le Berlin de la misère et celui des profiteurs de guerre, des bourgeois insouciants, des petites et grandes canailles… ; ce sont aussi, entremêlées, grandes et petites manœuvres : au niveau des États, les affrontements autour du Traité de Versailles, qui décideront de l’avenir de l’Europe ; au niveau individuel, les engagements et trahisons, d’amour et de politique, prélude au dénouement sanglant du dernier tome.
Alfred Döblin (1878–1957) est né au sein de la bourgeoise juive. Il déménage très tôt pour Berlin, ville qui a profondément influencé son œuvre et où il vivra jusqu’à son exil à Paris en 1933 – qu’il fuira en 1940 pour les Etats-Unis. Pendant la Première Guerre mondiale, déclaré inapte au service sur le front, il est affecté comme médecin militaire en Lorraine puis en Alsace, expérience qui nourrit le premier des quatre tomes du roman historique Novembre 1918. Le succès, dès sa parution, de Berlin Alexanderplatz (1929), cache une œuvre immense, encore largement méconnue, une situation dont Döblin souffrira lorsqu’en 1945 il revient dans une Allemagne où ce contestataire sans drapeau n’a plus de place et peine désormais à se faire éditer. C’est pendant la rédaction du dernier tome de Novembre 1918, consacré à l’écrasement de la révolution spartakiste, qu’il s’est converti au catholicisme.
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