Journal de mon jardin
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Interdite de littérature - mais pas de caresses - par Virginia Woolf, Vita Sackville-West prend en un éclair conscience des trésors qu'elle possède : un mari et un jardin. Son mari, le diplomate Harold Nicholson, conçoit l'architecture et dessine les plans de ce qui deviendra le somptueux jardin de Sissinghurst dans le Kent, que Vita, mi-gitane andalouse, mi-grande dame anglaise, transgressant sans vergogne les règles de l'art des jardins, transforme à quatre mains : la gitane zingari fait surgir de terre une mosaïque de couleurs, une jungle asymétrique, une orgie dans l'aurore ou le soleil couchant, l'aristocrate anglaise, qui n'aime que la lune froide, un extraordinaire jardin blanc : Attention, prévient-elle « j'aime la couleur, qui me met en joie, mais j'ai une prédilection pour le blanc. Les ombres d'un vert glacé que la blancheur peut prendre sous certains éclairages, au crépuscule ou au clair de lune, surtout au clair de lune, peut-être, font du jardin un rêve, une vision irréelle, et l'on sait cependant qu'il ne l'est pas le moins du monde puisqu’il a été planté exprès. »
Ce livre, en même temps qu'un superbe traité d'horticulture, est la réponse d'une femme chaude – mais sans transparence intérieure – à une femme froide, papesse des lettres anglaises de son temps, qui l'a interdite d'écriture, la réponse d'Orlando à Virginia.
De qui parle la jardinière quand elle écrit : « Molly est morte dans mes bras. » De sa mère, Lady Sackville ? D'une fille de ferme troussée dans le foin ? Non, d'une violette verte. « Molly l'irlandaise est morte dans mes bras, mais l'euphorbe sans coeur n’a fait que croître en vigueur ».
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